Nous sommes le 12 juillet 1252. Ce jour-là, l’Histoire vient frapper aux portes de la cité d’Hyères. L’Histoire avec un grand "H".

Elle se présente sous forme d’une flotte de 14 galères, qui accoste sur la plage de l’Ayguade. L’Histoire revient de Jérusalem. À bord de la flotte, se trouve le Roi de France, Louis IX – le futur Saint Louis. Il rentre de la 7ème croisade.

Cependant, les choses ne se sont pas du tout déroulées comme prévu. Les bateaux sont dans un triste état. Ils ont subi des semaines de tempête. Des mâts ont été rompus, des voiles déchirées. L’équipage manque d’eau. Le moral des marins est au plus bas.

28.000 hommes étaient partis, 4 ans plus tôt, sur 38 vaisseaux, avec leurs armures, leurs épées, leurs lances, leurs 8.000 chevaux et leur idéal chrétien. Ils voulaient rependre Jérusalem aux musulmans. Ils n’ont pas réussi à le faire. L’armée française a été décimée par la dysenterie. Le Roi de France a été fait prisonnier. Libéré, contre une rançon, il a renoncé à conquérir la cité de Jérusalem ; mais a quand même réussi à réorganiser le royaume qui en porte le nom, le « Royaume de Jérusalem », dont la capitale est devenue Saint-Jean-d’Acre. Il n’a pas achevé sa mission. Il a été obligé de rentrer en France, à cause de la mort de sa mère, Blanche de Castille, qui assurait la régence pendant son absence.

Avec sa femme et ses 6 enfants.

Le Roi a 40 ans. À bord des navires se trouve sa famille : son épouse Marguerite (34 ans), ses 6 enfants, Isabelle (12 ans, qui mourra à Hyères en 1270), Louis (10 ans), Philippe (9 ans) futur roi, Tristan (4 ans), Pierre (3 ans), Blanche (1 ans) – les 3 derniers, nés pendant la croisade – et ses 2 frères Alphonse et Charles. Marguerite, l’épouse du roi, qui est à nouveau enceinte, a le cœur serré en s’approchant des rivages de la Provence. C’est sa région natale. Elle est la fille du comte Raymond-Béranger IV. Imaginait-elle le destin qui l’attendait, lorsqu’elle était enfant dans le palais des comtes de Provence à Brignoles ? Elle allait épouser à 13 ans le Roi de France et le suivrait fidèlement dans les divers épisodes de sa vie. Lors de la croisade, entre deux accouchements, c’est elle qui le remplaça, lorsqu’il fut emprisonné, elle aussi qui s’employa à rassembler la rançon pour sa libération.

À Hyères, la nouvelle de l’arrivée du souverain se répand. On accourt de toutes parts. « Vive le Roi ! Vive le Roi ! »

Louis IX est accueilli comme un héros. Sous un soleil d’été qui ne ménage pas ses rayons, il enfourche son cheval et fend la foule en compagnie du seigneur de Fos, qui règne sur Hyères. Il se dirige vers le château où il logera.  « Vive le Roi ! » On imagine les habitants et les paysans se massant sur le passage, tressant des guirlandes de fleurs et de vivats. Le Roi est épuisé. Il devra se reposer.

Une visite à la Sainte-Baume.

Au château, on réunit des troubadours, des poètes. Les habitants apportent des victuailles. Mais, le Roi n’a pas le cœur à la fête. Ce qu’il veut, c’est rencontrer Hugues de Digne, le moine qui réside au couvent des Cordeliers, dont la notoriété lui est parvenue aux oreilles. Il le rencontrera. Et le vieux moine lui dira : « Prenez garde, Seigneur, à faire bien Justice à votre peuple, afin de conserver l’Amour de Dieu ! » Louis IX se souviendra de ces paroles lorsque, plus tard, il rendra la Justice sous son chêne.

Ce moine est né à Digne, vers 1205. D’où son nom d’Hugues de Digne. Sa famille vint à Hyères, où il participa à la fondation du monastère des Cordeliers en 1236. Les jours de fête, le peuple vient s’asseoir à ses pieds pour l’écouter. Car, il est considéré comme un prophète.

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À la place du monastère des Cordeliers, se trouve aujourd’hui l’église Saint Louis. Le jardin du monastère se trouvait à l’emplacement de l’actuelle place de la République. Le nom de Saint Louis a été donné à l’église en 1840. Hugues de Digne était le frère de Sainte Douceline qui, elle, fonda à Hyères, en 1240, une communauté de religieuses et à qui une église est consacrée, toujours à Hyères.

Le Roi souhaite aussi aller visiter la Sainte-Baume, voir la grotte où Marie-Madeleine, disciple du Christ, a fini sa vie. Il gravit à cheval le chemin qui monte à ce que l’historien Joinville appelle la « voûte de roche moult haute ».

Là, il prie. Et, dans ses prières, il promet de repartir un jour en croisade.

Il le fera. Ce sera, en 1270. Et c’est là, à Tunis, lors de la 8ème Croisade, qu’il mourra.