Église Saint Sauveur
du Castellet
1153
HISTORIQUE :
1. L'église :
Située place du Champ de Bataille, au cœur du village médiéval, c'est une église de la fin du XI° - et début du XII° siècle et l'un des édifices les mieux conservés du village.
Elle est construite sur les vestiges d'une chapelle. Il a fallu 133 années pour la terminer, en 1153. Elle fut alors confirmée par le Pape Eugène III.
Son extérieur est marqué par un clocher-mur, à triple arcature, que l'on retrouve dans plusieurs édifices religieux méridionaux.
L'aspect général peut paraître "austère", comme celui du château, dont les murs jouxtent l'église. C'est dû à la présence des Templiers qui disposaient des édifices mis à disposition par la famille des Baux, les seigneurs du château, qui régnait alors sur le secteur.
À l'intérieur de l'église, on peut admirer le chœur de la vieille nef romane, avec son cul-de-four (voûte en forme de quart de sphère) et sa travée à arc cintré.
Devenue trop petite, l'église eut droit à un agrandissement en 1754, qui comprend la construction d'une deuxième nef et d'une sacristie, ainsi que l'ouverture des trois arcatures.
La nouvelle nef fut édifiée au détriment d'un cimetière datant du XIV° siècle, il fut réduit avant d'être transformé sur le côté Nord de l'église. C'est en cette même année qu'a été restaurée la porte d'entrée romane.
À gauche de la nef principale, on aperçoit une fenêtre, murée à la Révolution Française. Celle-ci permettait autrefois aux chatelains d'assister aux offices.
L'église est inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1939.
Le saint qui s'y rattache est saint Clair, Abbé de Vienne en Isère, patron des couturières et des lunetiers, guérisseur miraculeux particulièrement pour la vue.
Une Messe en son honneur est célébrée chaque année, le dimanche qui suit le jour de l'An et proche de la saint Clair fêté le 2 janvier.
Le château constitué de 2 parties jointives, reconstruit en grande partie au XIVème ou XVème siècle, a été habité par les seigneurs jusqu'à la Révolution.
Depuis 1969 il abrite les locaux de la mairie.
2. Le Village :
- Plusieurs siècles avant notre ère, la région était déjà habitée par des peuplades celto ligures et le village était situé, au Sud, sur la colline appelée "Château-Vieux".
- À partir du 1er siècle, la conquête Romaine se matérialise sur tout le territoire, notamment sur les hauteurs de la région, où ils établissent des colonies pour leurs soldats, et construisent des camps qui seront abandonnés, lors des invasions barbares et sarrasines. On peut voir la base d’un mausolée Romain au quartier de "Château-Vieux".
- Les Romains, victorieux en Gaule, occupèrent les cités grecques, dont le Castellet, en latin "Castellum". "Castellum", nom latin dérivé de "castrum" (fort, place forte) désignant un château fort. Mais, "castrum" désigne également une ville, tout comme "castellum" désigne aussi un hameau de montagne (Cf. Félix GAFFIOT - Dictionnaire illustré latin-français).
- Après leur départ, au début du VIIIème siècle, le village fut pillé et incendié par les Sarrasins et les habitants se dispersèrent...
± 880 – Les habitants reviennent se réfugier sur le rocher abrupt, qui devint le « Cas-Tellet » actuel et où ils trouvèrent les restes d’une petite forteresse romaine, bâtie sur un oppidum ligure (fortification de type celtique généralement aménagée en surplomb, protégée par des fossés et servant de refuge et de lieu de rencontre).
973 – Guillaume 1er, Gouverneur de la Provence, refoula les Sarrasins et partagea – entre l’Église et ses compagnons de combat – les terres abandonnées. Le premier village fut regroupé autour du château, sous le règne de Pons-Mainier, Vicomte de Marseille, qui devint seigneur du Castellet. Ce fut le début de la féodalité en Provence.
1030 – Une charte, mentionne que l’Évêché de Marseille, fit édifier l’église et le château. L'église est orientée vers Jérusalem.
1153 – L’existence de l’église Saint-Sauveur, du XIème siècle, n’est mentionnée qu’en décembre 1153. Elle a pour abside une tour romane, éclairée par une profonde meurtrière. Le premier arceau de la nef est roman. Les deux suivants, du XIIème siècle, en ogive, sont précurseurs du style gothique. Au-dessus du chœur, à gauche, une ouverture communiquait avec le château et servait de tribune au seigneur. Elle fut murée en 1789. Elle est placée sous le vocable « Transfiguration du Sauveur », et deviendra plus tard église Saint Clair de Vienne.
1156 – Raymond Geoffroy, successeur de Pons-Mainier, céda ses droits à l’abbaye Saint Victor de Marseille. Le village était fermé dans une enceinte fortifiée et le "Portail" ogival, muni d’une herse, en défendait l’entrée.
1212 – La famille des princes des Baux accède à la seigneurie. Commence alors quatre siècles de discorde entre maison des Baux et maison de Provence. La Seigneurie du Castellet fut mise à la disposition des Templiers, qui en jouirent sous le "domaine majeur". La tradition veut qu’ils aient fait agrandir l’église et le château.
1262 – Le village passe à la Maison d’Anjou.
1314 – Par procès, les Templiers sont chassés de la seigneurie du Castellet.
1369 – L’église et le château furent en partie détruits, par les gens de La Cadière, auxquels la forteresse du Castellet « portait ombrage ».
1385 – À la suite de la soumission de Barral des Baux à Charles d’Anjou (en 1262), la Maison des Baux avait recouvré une partie de ses domaines et François des Baux fit restaurer la forteresse détruite.
1437 – Le village est vendu par René d’Anjou à Charles De Castillon, comte de Provence, parce qu’il est « sans reproche ». Né en 1415 à Naples (Italie) et décédé le 4 janvier 1461 à Aubagne (13), à l'âge de 46 ans. Conseiller d'État de Charles VIII, conseiller et Maistre rational de Provence ("maître des comptes" à l'origine membre de la cour du roi de Naples, visitant la Provence, mais qui s’est fixé à Aix). Baron d'Aubagne, il devient seigneur du Castellet. La Famille De Castillon gardera le château pendant deux cents ans.
1610 – La poterne, au Sud-Est, appelée "le Portalet" ne date que de 1610 et fut ouverte à sa dimension actuelle en 1754.
1629 – Par alliance, la Famille De Castillon devient De Lombard. Le château fut donné en dot à la Famille De Lombard, lors du mariage de Anne De Castillon et Vincent De Lombard. Des travaux de rénovation sont alors effectués, afin de le rendre habitable. La Famille De Lombard en restera propriétaire, jusqu’à la Révolution en 1790, date à laquelle elle émigrera.
1680 – Une horloge est installée sur le Campanile.
1754 – Le "portalet" (datant de 1610) est ouvert à sa dimension actuelle. L’église, devenue trop étroite, est agrandie. L’orientation est changée et deux voûtes gothiques sont bâties. La nef latérale est construite et la partie romane de la façade, surmontée d’un clocher à trois arcades, est coiffée d’un petit campanile.
1789 – La Révolution française marque l’abolition des privilèges, leurs symboles effacés. Les blasons et les créneaux sont détruits, la fenêtre seigneuriale de l’église est murée.
1790 – La famille De Lombard est contrainte d'émigrer.
1797 – Le château, devenu bien National, fut alors vendu en quatre parties, le 20 octobre 1797.
1800 – Trois ans plus tard, le château fut racheté par quatre Beaussetans, qui y installeront un moulin à huile, une classe d’école et deux habitations.
1923 – Le Castellet est à l’aube de connaître un tournant de son histoire, un expert, commis par le Maire, propose un plan d’aménagement, afin de faire du Castellet une destination touristique, prônant la tranquillité et le repos.
1926 – Trois ans plus tard, les travaux sont achevés : peintres, sculpteurs et commerçants s’installent dans l’enceinte du village.
1939 – L’église, la façade du château et les remparts sont inscrits à l’inventaire complémentaire des Monuments Historiques.
1969 – Depuis lors, le château abrite les locaux de la Mairie.
- Aujourd’hui, le village médiéval du Castellet est un village touristique qui a su garder son charme et son authenticité.
3. Le Blason du Castellet :
« D’or à 3 plantes de joubarbe de sinople, deux en chef et une en pointe ».
En 1696, Louis XIV fait obligation aux communes de faire enregistrer leurs armes dans l'Armorial Général de France.
Les armoiries adoptées par Le Castellet sont celles de la famille Lombard, seigneur du village.
Le blason est d'or à trois plantes de joubarbe de sinople.
Le fond or évoque le soleil, la richesse, le sinople vert de la joubarbe est la couleur de l'espérance et de l'abondance.
Il sera, ultérieurement, modifié et surmonté de deux tours crénelées sur un rempart, définissant le rang administratif du village.
Il est entouré de deux rameaux d'olivier, image de la paix, de la force et de la sagesse.
Le nom de la Joubarbe vient du latin "Jovis barba" qui signifie "barbe de Jupiter".

4. SAINT CLAIR Abbé de Vienne (+ v. 682) :
(Fêté le Dimanche le plus proche du 2 Janvier)
Saint Clair est né au sud de Vienne, en Dauphiné, au VII° siècle, en un lieu qui porte aujourd'hui son nom, la commune de Saint-Clair-du-Rhône.
Il est une figure éminente du monachisme viennois.
Il devient vite orphelin de père. Il est élevé par sa mère, veuve, dans un village du Viennois, appelé Beauchamp.
Sa mère l’emmenait souvent prier, ou participer aux offices religieux, dans différents sanctuaires.
Saint Adon rapporte dans ses « Chroniques » que quittant par voie fluviale le monastère Saint-Ferréol, sur la rive droite du Rhône (où étaient conservées les reliques de saint Ferréol et de saint Julien de Brive, officier et soldat impériaux martyrs au 3ème siècle), Clair et sa mère ainsi que tout l’équipage sont menacés de sombrer entre les houles du Rhône ; le petit Clair se tourne vers l’église Saint-Ferréol et s’exclame : « Ô Dieu pour le Nom duquel le bienheureux Ferréol a souffert la mort, secourez-nous, nous périssons ! ». Aussitôt, le fleuve s’apaisa et l’embarcation fut poussée sur le rivage.
Sa mère comprit qu’elle devait alors le laisser à l’éducation de ce monastère, et elle reprit voile pour Vienne, où elle entra en religion au couvent cloîtré pour veuves de Sainte-Blandine ; où Clair deviendra un jour l'aumônier...
Le diocèse de Vienne fleurissait d'une multitude de monastères, et Clair se retira dans celui de Saint-Ferréol-Trente-Pas, un des plus importants, qui comptait à l'époque 400 moines.
Il s'y distingua par sa sainteté, de telle sorte que vers 649 l'archevêque Caldéolde, le nomma Abbé de sainte-Blandine (monastère réservé à des veuves) et, peu après, Abbé du monastère de Saint-Marcel à Vienne (petit monastère de 30 religieux).
Sa sainteté lui fit opérer de nombreux miracles durant sa vie et après sa mort.
Il avait le don des prophéties, et celui d'accomplir des guérisons inexpliquées, miraculeuses.
- guérison de malades (par exemple la supérieure, malade, de Ste-Blandine) ;
- un cénobite atteint de cruelle colique ;
- un homme couvert d’ulcères qui guérit en s’approchant du ruisseau vers lequel le saint avait commandé de le conduire ;
- il chassa le démon d’une servante du dehors du monastère en mettant ses doigts dans sa bouche ;
- il fit pousser, après une nuit de prières, de nouveaux raisins à une vigne d’un monastère ravagée par la grêle ;
- il contraignit le Rhône de lui rendre un religieux, en passe d’être emporté par un trop gros poisson qu’il pêchait à proximité du saint : le religieux sortit saint et sauf avec le poisson qui nourrit toute la communauté ;
- Devenu très vite malade, il fut averti de la proximité de son trépas.
L’hagiographe ajoute que saint Clair eut l’apparition d’une assemblée céleste de laquelle ressortaient saint Marcel et sainte Blandine, laquelle lui annonça, 3 jours avant, son décès sur les cinq heures.
Saint Clair se fit porter à l’église du monastère Saint-Marcel, se coucha sur un cilice et se mit en prières.
Il décède le 1er janvier, vers l’an 682, environné d’une odeur merveilleuse.
Son corps fut déposé, selon son vœu, dans l’église Sainte Blandine, auprès des martyrs de Lyon : devant le cortège, un paralytique fut guéri.
D’autres miracles eurent lieu sur son tombeau.
Son culte fut longtemps florissant.
Plus tard, ses reliques seront transférées, conservées et vénérées dans l’église Saint-Pierre de Vienne, jusqu’à leur destruction pendant les guerres de Religion, où les troupes calvinistes de François de Beaumont, baron des Adrets, profanèrent les reliques de saint Clair, en avril 1562.
Saint Clair de Dauphiné est le patron des boisseliers.
Saint Clair, en raison de son nom, est invoqué par les couturières et les tailleurs, pour protéger leur vue.
Dans les régions du Dauphiné, du Lyonnais, de l'Auvergne ou encore de la Savoie, il est considéré comme un saint guérisseur pour les yeux.
On l'invoque ainsi pour la « protection des yeux et la guérison des affections oculaires » que l'on retrouve dans l'expression « Saint Clair qui fait voir clair ».
Il est, selon Arnold van Gennep, « pour la même raison le patron des tailleurs de pierres, qui risquent sans cesse d'être aveuglés par des éclats et des poussières ».
On est aussi le saint patron des verriers et des lunetiers.
Il est également vénéré lorsque l'on souhaite un temps clair, sans pluie.
Saint Clair protège de la foudre le curé de Ceyreste.
Saint Clair est le patron des cités de Bormes-les-Mimosas et du Castellet.
Salernes et Le Lavandou ont un quartier Saint Clair.
Son culte a été confirmé en 1907.
L'église paroissiale du Castellet dédiée à Saint Clair, a pour titulaire La Transfiguration du Saint Sauveur.
Elle est connue depuis sa fondation sous le nom de Saint-Sauveur, et fut construite dans le courant du XIe siècle.
On remarque au-dessus de sa porte d'entrée ogivale, remaniée en 1677, une pierre héraldique triangulaire sur laquelle figure la Croix anglée des Templiers.
Comme nous n'avons rien trouvé confirmant la tradition du pays, disant que « les Templiers possédaient autrefois le château du Castellet », cette Croix indiquerait peut-être leur séjour plus ou moins long dans cette localité.
5. PRIÈRE ancienne à Saint Clair pour toutes les maladies des yeux :
O saint Clair, digne de Dieu,
clément, bon, juste, bienfaisant, illustre chef des Bretons, plus brillant que le feu ;
réjouis les yeux qui pleurent et qui sont privés de lumière ;
éclaire les esprits, exauce ceux qui t'invoquent dignement.
Ainsi soit-il.
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